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Les Aventures d'un Bouly au pays des Cradoudous
26 mai 2009

chapitre 22 : livret A, PERP et tralala

Dans l’après midi le directeur m’a convoqué pour parler de mes chiffres avant ma mutation.

En temps normal j’aurais été dans un état de stress total mais là je suis allée dans son bureau en sifflotant (en soufflant car je ne sais pas sifflé)

« Bonjour Eva, vous avez une mine radieuse aujourd’hui. On sent que vous aimez ce que vous faites, que votre travail vous tient à cœur… »

Mais oui t’as tout compris bonhomme, je suis une banquière née. Mon premier mot a été « intérêt d’emprunt » et en guise de hochet j’avais une calculette ! quel blaireau ce type ! Je n’aime pas être vulgaire mais là franchement il atteint des summums de la connerie humaine et croyez moi dans la banque on a les plus hauts plateaux ; les pics du midi de l’ignorance, le mont Everest du couillon.

« euh oui si on veut. Vous vouliez me voir ? » je ne peux m’empécher de sourire car j’imagine bo gosse et moi sur mon nouveau canapé en fleur de buffle (oui moi aussi j’ai trouvé bizarre que le buffle fasse des fleurs au printemps mais écoutez il parait que c’est grâce à cette plante que l’on fait les plus beaux canapés et les plus chers, croyez en mon portefeuille)

« oui Eva nous avons un gros probleme avec vos PERP ! » il fronce les sourcils l’air inquiet, cela doit etre grave.

« Mes quoi ? » j’ai du rater un truc en route

« Vos PERP, vos placements pour les retraites ? Votre objectif du mois en clair. » là il prend carrément un regard méchant. J’aime pas ça.

« ah mes PERP. Oui effectivement il y a un gros problème avec ce produit… je pense qu’il faudrait trouver une solution pour supprimer ce genre de produit financier qui n’aident pas du tout nos jeunes clients sur lesquels portent nos objectifs actuels. Enfin disons qu’à l’heure actuelle je pense qu’il est mal approprier de vouloir ouvrir un PERP à un jeune actif de 19 ans, mais … » euh je sens comme un agacement dans ses yeux, on a du mal se comprendre.

« ce n’est pas ça le problème ; et je ne vous demande pas d’être convaincue d’un produit ou pas. Je vous demande de les VENDRE (bon là c’est clair il me crie carrément dessus). Je plains votre prochain directeur d’agence. Qu’est ce qui ne tourne pas rond chez vous ? »

Cette question ne concerne pas mon empressement à tomber amoureuse je présume. Donc il y a autre chose qui est censée m’alerter dans son propos. Visiblement j’ai une anomalie défaillante dans le système. Le genre d’ordinateur qui ne va pas tarder à finir à la décharge. Vive l’éco-participation !

« Je ne saisis pas le sens de votre question. » après tout faut pas mourir bête, où veut-il en venir ?

« C’est pourtant clair. Pourquoi est ce que vous ne faites pas comme tout le monde : vendre les produits sans poser de questions ni état d’âme de bas étage. Vous vous ralentissez toute seule Mademoiselle BRODEMY. Vous êtes en train de vous dessiner une carrière de tortue. Vous êtes le pièton et nous l’airbus et fatalement nous n’arriverons pas à la destination finale en même temps. » (j’ai lâché le fil de la conversation après son allusion aux avions : un petit voyage en amoureux avec bo gosse : ça serait une bonne idée …)

Il n’a peut-être pas tort. Et après tout qu’y a-t-il de mal à être une piétonne ? à marcher, à flâner, à rêvasser en arpentant les petites rues, à laisser un oiseau passer devant vos pieds et à vous surprendre à lui parler telle cendrillon et les petites souris conturières. Si j’ai envie d’être une piétonne, pourquoi ne pourrais je pas être une piétonne. Pourquoi devrais je monter en avion si j’ai le mal de l’air et peur de m’écraser ?

Et m’encombrer de grosses valises, et avaler des plateaux repas infects coincé entre un pétomane et un gamin épiléptique de la game boy ?

Qui m’oblige à prendre un billet d’avion hors de prix et polluer la planète alors que moi mon truc c’est de marcher tranquillement au gré du vent frais et entendre le bruit des feuilles d’automne crissées sous mes bottes de chez LA HALLE !

A cet instant même, je viens de prendre conscience d’une chose capitale : Il y a comme qui dirait une couille dans le potage.

Comme dit Brassens ; les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. (oui je cite du Brassens , c’est tout récent, mais n’empêche que je suis assez d’accord avec pas mal de ces textes )

Pour la première fois me viens une idée saugrenue : peut etre ne suis-je pas faite pour ce métier (je blague ; je le sais depuis longtemps que banquière n’est pas une profession dans laquelle je peux trouver un quelconque épanouissement)

Et si je démissionnais. (ouh je me fais peur là)

Comment pourrais je prendre une décision pareille alors que je ne suis même pas capable de choisir des vetements qui me vont.

Dire adieu à mon CE qui m’envoie en thalasso, au ticket restaurant, aux RTT, au 13e mois, tout ça pour ne plus être rongée par un travail inintéressant et aliénant . Vous n’y pensez pas ! Bon c’est une possibilité que j’ai envisagé un quart de centième de secondes dans mon propre cerveau, mais je ne peux pas tout faire en mm temps : prendre en charge ma vie amoureuse (eh oui j’ai une vie amoureuse désormais ; j’ai du mal à le croire moi-même quand je le dis) et remettre en question le fondement même des tests de recrutement de la Banque et leur faire admettre qu’ils ont fait une petite boulette de 70 kg en me choisissant (69kg 800 très exactement, eh eh)

lestroisbrigandsry8

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